Arythmies – Mon corps comme battement, mes traits comme traces​

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Il y a ce qui pulse, ce qui s’emballe. Ce qui cherche un rythme et ce qui, déjà, vacille. La Série "110 Arythmies" (2011) est née dans cette tension, entre mon corps et le dessin, entre l’imprévisibilité de mes battements cardiaques et la tentative de les inscrire, de les saisir dans un geste.

Sur du papier électrocardiogramme, j’ai fait heurter des lignes. Je les ai brisées, étirées en un flux irrégulier. Des têtes ont émergé, prises dans cette oscillation, comme si le trait captait non seulement le dysfonctionnement de mon cœur, mais aussi l’incertitude de mon identité, la fragmentation de ce que j’étais dans l’instabilité rythmique. Chaque dessin était un enregistrement sensible, une scansion de mon déséquilibre.

Car l’histoire de cette série est celle d’une expérience personnelle, d’un dialogue avec mon corps qui souffrait de fibrillations auriculaires depuis quinze ans. Ces tracés irréguliers étaient devenus à la fois la vision des symptômes et l’expression d’un écho créatif. Puis, après une opération, plus rien. Le rythme s’était stabilisé, et avec lui, le trait s’était arrêté.

Ces 110 dessins sont des archives d’une irrégularité passée, mais jamais disparue, un dialogue entre le visible et l’invisible, entre l’empreinte d’un désordre et l’absence de contrôle. Là où la Série "Fragments d’instabilité" (2025) explore l’effondrement du support, la Série "110 Arythmies" inscrivait directement l’instabilité dans la forme même du trait, dans ce brouillage graphique où le dessin et l’onde électrique ne faisaient plus qu’un.

Que reste-t-il d’un battement lorsqu’il se fige ? Et que nous dit ce rythme que nous ne maîtrisons jamais totalement ?

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Ci-dessous : 

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« Série 110 Arythmies » 2011,

«Stylo sur papier pour enregistrement d'électrocardiogramme sous plaque de plexiglas,
10 cm x 10,5 cm»